J’ai deux passions dans la vie : le thé et l’écriture. L’idée de créer un atelier alliant ces deux passions m’est donc venue naturellement. Mais en quoi consiste exactement cet atelier qui marrie le thé et l’écriture ?
Voici donc un article pour en savoir un peu plus sur cet atelier. Un article qui est également l’occasion de vous raconter la belle histoire d’une participante « multirécidiviste » dont la plume s’est déliée...
Comment se déroule cet atelier ?
L’atelier se compose de plusieurs moments d’écritures organisés de la manière suivante :
– des sessions d’écriture inspirées de l’univers du thé et d’extraits de romans
– des temps de lecture et d’échange autour des textes.
Pour plus de détails, vous pouvez consulter cette page.
Pourquoi associer le thé et l’écriture ?
La meilleure réponse tient en 6 lettres : P R O U S T !
La Recherche du temps perdu commence par la dégustation d’une infusion dans laquelle l’auteur trempe une madeleine. Et hop, la machine s’active, les émotions affluent. Elles sont accompagnées d’effluves de souvenirs, souvenirs des moments où Marcel enfant buvait ce breuvage.
Le fameux extrait avec la madeleine…
Je portais à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. […] D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ?
Du coté de chez Swann – A la recherche du temps perdu, Marcel Pro
Un exemple de thé inspirant ?
Pour une consigne d’écriture relative au lieu, j’ai utilisé le célèbre Arya Ruby. Il s’agit d’un thé noir bio, provenant d’une plantation située à 1 820 m d’altitude de la région de Darjeeling, en Inde.
La relecture de ce texte m’a donc inspirée une passerelle entre les sublimes feuilles du Camellia Sinensis et la page d’écriture.
En effet, le lien entre les souvenirs olfactifs et les émotions est très puissant car la mémoire olfactive possède une particularité. Le cheminement de l’influx nerveux dans le cerveau atteint les zones de la mémoire et des émotions avant celles de la conscience. Ce sens est donc fabuleux pour libérer la créativité et réveiller des mots !
C’est exactement ce que je cherche à faire en atelier d’écriture avec le thé : atteindre des souvenirs, des émotions, que chacun de nous possède mais auxquels il accède parfois difficilement.
Lors d’une dégustation de thé, l’odorat est accompagné du goût, ce qui va rendre l’expérience plus intense. Cette boisson devient alors un merveilleux medium pour écrire et se reconnecter à soi. Les participants se concentrent alors sur ce qu’ils ressentent spontanément. C’est parfois juste une note du thé qui les inspire ou une impression laissée par la saveur. L’important est qu’ils se laissent porter et guider librement par leurs sensations.
Un même thé, une même consigne d’écriture mais des textes totalement différents
Chaque palais possède une histoire singulière. Chaque individu est donc plus ou moins sensible à certaines notes, certaines saveurs.
C’est ainsi qu’un même thé inspiredes textes très différents aux participants.
Comment les thés sont-ils choisis ?
Je travaille avec Carine Baudry qui me fournit des thés d’exception. Tea Master, elle sélectionne les thés et créé des mélanges parfumés pour la marque nunshen.
J’utilise des grands crus qui possèdent une palette aromatique et sensorielle exceptionnelle. Je favorise également les thés bio qui proviennent de petits producteurs.
Certains thés présentent des univers très singuliers, voire déroutants. Je choisi donc ceux correspondant à la thématique d’une proposition d‘écriture que j’ai en tête et ceux qui ouvriront un large champ des possibles.
L’atelier nunshen, où se déroule généralement l’atelier thé & écriture, est un lieu magnifique qui respire la quiétude et l’harmonie. Il plonge immédiatement les participants dans l’univers du thé et renforce l’expérience sensorielle proposée.
L’épidémie COVID 19, a compliqué l’exportation des thés, notamment ceux d’Inde. Les darjeelings qui arrivent habituellement en France en mars-avril sont entrés en stocks dans les comptoirs de thé beaucoup plus tard. L’Arya Ruby n’a pas échappé à ce contexte.
C’était donc aussi une façon de mettre en valeur ce thé merveilleusement gourmand et élégant, dont les arômes varient d’une année à l’autre. Ses notes boisées, épicées, fruitées, cacaotées, de roses et miellées constituent une large palette d’inspiration pour les participants !
Un exemple de texte écrit lors d’un atelier ?
L’une des participantes, Nathalie Legendre écrivait des poèmes à l’adolescence. Elle s’est inscrite à l’atelier, en mars 2020, pour raviver la flamme de l’écriture.
Dans mes ateliers, une consigne d’écriture n’est jamais à suivre à la lettre. J’invite les particpants à se laisser porter par leurs sensations et l’inspiration de l’instant. Prose libre ou poème, chacun se dirige naturellement vers la forme qui lui convient. Ainsi, Nathalie qui aime voyager est virtuellement retournée au Népal, pas si éloigné que ça de Darjeling d’ailleurs, et a composé un poème.
Après le premier jet de l’atelier, elle l’a retravaillé jusqu’à la version aboutie ci dessous :
Un thé à Lhassa, de Nathalie Legendre
Il fait si froid
Dans ce refuge
Himalaya
Kanchenjunga
Premier de cordée
Ou dernier
Je hume ce thé
Comme une première fois
Jamais
Je ne suis montée si haut
Jamais
Je n’ai vu le soleil si près
Suave, envoûtant
Je signe ton éternité
Parfum d’encens
Neige éternelle
Je n’ai plus sommeil
Je ressens l’Eveil
Présence divine
Je m’incline
Sa présence m’illumine
Dalaï-lama
Bouddha
Pèlerin de Potala
Sur les hauts de Lhassa
Flottent les drapeaux
Harmonie inoubliée,
Prière sacrée
Je ressens la paix
Fin de journée.
Happy End…
Depuis l’atelier de mars, Nathalie n’a cessé d’écrire des poèmes et d’affiner sa plume. Et, je suis très heureuse de vous l’annoncer : elle a trouvé un éditeur pour son premier recueil de poèmes. Vous pourrez relire Un thé à Lhassa. dans Parolier de Voyage, paru aux éditions Scenent en décembre 2020 !
Prochaines dates :
- dimanche 21 janvier de 14h30 à 17h30
- samedi 24 février de 14h30 à 17h30
- samedi 16 mars de 14h30 à 17h30
- samedi 27 avril de 14h30 à 17h30
TARIF: 39€
Soit en présentiel à l’atelier nunshen à Paris 8e (métro Madeleine, Opéra ou RER Auber) ou en visioconférence, avec envoi du kit de dégustation une semaine au préalable.